Depuis la nuit des temps l’élevage a été complémentaire des cultures et a largement contribué à l’équilibre des systèmes agricoles. Cependant, voilà des décennies que la frénésie capitaliste et industrielle de la course au rendement et à la surconsommation à tout va a modifié notre rapport à l’élevage avec pour résultats des impacts environnementaux extrêmement nocifs et au détriment du bien-être et de la santé animale aussi bien qu’humaine.

Cela signe-t-il donc l’arrêt définitif d’un pan de l’histoire de l’humanité ou existe-t-il des alternatives permettant de poursuivre un héritage millénaire tout en prenant soin de notre écosystème et en nous fournissant des produits alimentaires sains ?

Voici la position des Amanins sur la question ainsi que notre retour d’expérience sur notre pratique agroécologique !

Élevage : une pratique agricole vertueuse face à ses détracteurs

Accaparement de terres agricoles pour la culture de nourriture destinée au bétail, surconsommation de viande, mal-être animal voire « animal-objet », bilans carbone et environnemental désastreux, l’élevage français a mauvaise mine… Cependant, est-il pour autant nécessaire de sacrifier l’élevage au nom de la transition écologique ? Face à de tels impacts, on serait bien tenté de répondre oui, du moins si le système actuel ne se réinvente pas.

Selon une étude menée par La Fabrique Écologique, il semblerait que nous ayons encore une chance de renverser la tendance si et seulement si nous acceptons de changer le cap de notre stratégie agricole. L’idée étant de revenir à une gestion de l’élevage des ruminants plus sobre et plus respectueuse des écosystèmes et des animaux mais aussi moins polluantes et moins gourmandes en captation de terres agricoles dédiées à la production de nourriture animale. En effet, les ruminants jouent un rôle tout à fait indispensable dans le maintien et la préservation d’un écosystème bien particulier, clé de voute de notre agriculture : la prairie.

Les prairies constituent de véritables réserves de biodiversité : ces zones enherbées offrent habitats et ressources à de nombreuses espèces d’oiseaux, de mammifères et d’insectes. Ces derniers sont autant d’auxiliaires de cultures qu’ils participent à la régulation naturelle des ravageurs mais aussi des forêts.

En théorie oui, mais en pratique ? Ces arguments se tiennent à condition que les dites prairies ne soient pas en proie au recours massif de pesticides et que le bétail n’ait préalablement pas été traité de manière préventive à base de traitements extrêmement nocifs pour les sols, l’environnement et les nappes phréatiques.

Pour une transformation radicale de l’élevage en France

L’idée mise en avant par La Fabrique Écologique tient dans la régulation des exploitations d’élevage afin d’en redéfinir le cadre de fonctionnement. Cela passe irrémédiablement par la réduction de moitié du nombre d’animaux dans les cheptels mais aussi et surtout… leur faire manger de l’herbe ! Cela semble d’une logique imparable et il est inquiétant de savoir que c’est bien loin d’être le cas pour la majorité des animaux d’élevage aujourd’hui.

Renvoyer le bétail dans les prés afin qu’ils puissent se nourrir d’herbe permettrait de redistribuer les terres agricoles afin de renforcer la production d’alimentation humaine et par là même l’autonomie alimentaire de notre territoire.

Cela passe donc par l’instauration d’exploitations plus petites, plus nombreuses et mieux réparties sur l’ensemble du territoire avec toujours cet objectif de réduire considérablement le nombre de bêtes tout en s’assurant de pouvoir continuer à répondre aux besoins alimentaires en local. Par la même occasion, cela induit par effet domino une réduction naturelle de l’offre de produits carnés en provenance de ruminants ce qui répond à un autre enjeu environnemental et sanitaire important (la surconsommation de viande) et permet de lutter contre les dérives sordides de l’élevage intensif : des conditions de vie et de mise à mort indignes des animaux.

Les Amanins et l’élevage : une histoire d’amour et de respect

Ferme agroécologique en polyculture-élevage, Les Amanins œuvrent en faveur d’une pratique du métier d’éleveur durable, résiliente, respectueuse et consciente. Depuis près de 20 ans, nous avons fait le choix d’un troupeau à taille humaine nous permettant de fournir à notre cheptel assez d’hectares de prairie par animal pour s’assurer de sa bonne alimentation mais aussi de son bien-être. Avoir un troupeau réduit n’est pas synonyme d’une production amoindrie. En effet, nos 40 brebis et nos 3 vaches nous permettent une production venant agrémenter nos menus et notre boutique toute l’année sous la forme de lait, yaourts et fromages et ce, en complète autonomie (sur une base de restauration journalière estimée à 80 personnes).

Le rôle de l’animal est central aux Amanins ce dernier faisant partie intégrante de notre modèle agroécologique et des pratiques de gestion circulaire qui en découlent : production de fumier, consommation de nuisibles et enrichissement des sols des prairies. Élément clé d’une agroécologie territoriale, l’élevage raisonné et paysan inséré dans un système agricole respectueux des cycles du Vivant s’inscrit alors comme alternative soutenable et vertueuse face aux exploitations de masse et aux enjeux qui y sont liés.

Aux Amanins, nous transmettons et partageons notre vision et nos pratiques auprès de nos visiteurs mais aussi auprès de jeunes et d’enfants, lors de séjours ou à l’occasion de classes vertes, afin de les sensibiliser dès le plus jeune âge à la prise en considération des ces sujets fondamentaux. Nous proposons des menus « du pré à l’assiette » a caractère majoritairement végétarien où la viande intervient 1 à 2 fois par semaine seulement et provient exclusivement de notre élevage. Ainsi, nous continuons à faire notre part en faveur d’un modèle agricole sain, respectueux et où l’homme sait rester humble et reconnaissant envers la richesse des produits que la nature peut lui offrir.