La permaentreprise : quand l’entreprise renoue avec la nature
Alors que notre société capitaliste fait face à des enjeux sociaux, environnementaux, énergétiques, géopolitiques et économiques majeurs, il semblerait que le monde de l’entreprise commence à prendre la mesure de l’importance d’une situation de plus en plus délicate.
Étant parmi les plus gros pollueurs mondiaux, les entreprises ont encore beaucoup de chemin à faire pour réellement rentrer pleinement dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité. Cependant, des entreprises pionnières sont sur le front depuis quelques années déjà pour rendre leur organisation plus éthique en s’inspirant des principes du Vivant et en amenant un réel pas de côté révélant ainsi une volonté forte de changement de culture.
Et si la permaentreprise était la voie à suivre pour accélérer notre transition afin de répondre aux alertes climatiques récurrentes mais aussi pour mieux prendre soin des humains qui y travaillent ?
Tour d’horizon !
Pour un modèle d’entreprise inspiré de la permaculture : la permaentreprise
La permaculture est un mode d’agriculture fondé sur les principes de développement durable, de respect de la biodiversité et de l’humain et qui s’inspire et reproduit le fonctionnement des écosystèmes naturels. Il s’agit donc d’une approche basée sur l’observation de l’environnement, d’adaptation et de reproduction de ses modèles et de sa manière d’être en interaction avec les parties prenantes qui le composent.
Reposant sur 12 principes, la permaculture propose un cadre bien défini permettant d’établir une stratégie pouvant s’appliquer à tout écosystème dont celui de l’entreprise. Parmi ces principes, on peut citer l’économie circulaire (revalorisation), la régénération des ressources, la non production de déchets, l’ouverture sur l’extérieur, la régulation naturelle de l’ensemble par la coopération. Plus qu’un copié-collé permettant un changement de culture instantané, la permaculture offre une forme de guide de valeurs, une boussole, un cap vers lequel tendre pour adopter une démarche RSE structurée pour amorcer un réel changement de culture inter et intraentreprise.
Pour une entreprise plus sobre, plus humaine et plus verte
On pourrait penser à juste titre qu’il s’agit encore d’un beau slogan accrocheur et se demander si les actions mises en œuvre suivront réellement l’ambition affichée.
Les différentes expérimentations ayant été menées, notamment au sein de Pocheco mais aussi de Norsys (et bien d’autres) tendent à démontrer que tel est bien le cas ! L’objectif visé est d’améliorer le bilan écologique des entreprises mais aussi d’améliorer le bien-être des salariés, de développer la résilience de l’entreprise et de multiplier les impacts sociaux, environnementaux et économiques positifs. C’est ainsi que la magie commence à opérer, plutôt qu’une énième utopie bienpensante, la permaentreprise se trouve être un projet réaliste et efficace.
Face à la réalité incontestable que notre planète a des ressources limitées, l’enjeu primordial pour les entreprises est donc bien de fixer des limites de consommation et de maximiser le ré-usage des surplus ou déchets. Il s’agit également de passer d’une logique de compétiteur-pollueur à une logique de coopérateur-recycleur en lien avec les autres acteurs qui composent l’écosystème de l’entreprise afin de limiter les coûts et surtout créer de nouvelles richesses sur le territoire. Le tout ayant immanquablement un impact moindre sur l’environnement.
Et l’humain dans tout ça ?
Un des piliers mis en avant par la permaentreprise est de « prendre soin de l’humain » car s’assurer du bien-être de ses salariés c’est s’assurer de la bonne santé de son organisation. Évolution positive, implication au niveau de la gouvernance, mise en pratique de l’intelligence collective, réduction des écarts de salaires, formation… autant d’initiatives visant des retombées d’impacts positifs sur l’engagement des collaborateurs au projet d’entreprise. La burn ou bore out étant les maux de notre siècle, il est urgent de rebattre les cartes et de prendre en considération la quête de sens recherchée par les personnes au sein de leur travail.
Ainsi les entreprises développent leur résilience, remodélisent leur raison d’être autour de principes et valeurs respectueux du Vivant tout en continuant d’assumer leur rôle : prospérer. Non pas dans le but ultime de rétribuer grassement leurs actionnaires mais bien pour répondre à des besoins sociaux, sociétaux et en considérant l’environnement d’un œil nouveau : un collaborateur à choyer comme les autres.
Les Amanins : une permaentreprise !
Plus qu’un modèle agricole l’agroécologie, comme la permaculture, est surtout à considérer comme un mode de vie en nous invitant à penser l’ensemble de nos actions et interactions de manière écosystémique. Le projet des Amanins est né de la rencontre d’un grand chef d’entreprise (Michel Valentin) et d’un paysan philosophe (Pierre Rabhi), cette association n’est déjà pas anodine ! Dès 2003 leur souhait est de créer un projet innovant mettant en œuvre ce mode de vie inspiré de l’agroécologie et de la sobriété heureuse. Le concept de permaentreprise est donc au cœur du centre des Amanins.
Salaire unique, entraide et coopération entre les différents corps de métier, pratique des outils d’intelligence collective et de coopération, gouvernance participative, autonomie alimentaire et énergétique, ré-usage ou transformation des déchets, maraîchage sur sol vivant, éco constructions et rénovations, phytoépuration et toilettes sèches… Tout notre fonctionnement est basé sur une quête d’équilibre et de cycles vertueux permettant de nourrir l’écosystème et de ne pas l’épuiser et surtout de le renforcer. Autant de valeurs portées par un projet intergénérationnel présentant un modèle résilient et inspirant.
Pour aller plus loin, lire La permaentreprise, un modèle viable pour un futur vivable de Sylvain Breuzard et Étienne Appert.
Merci ! C est du bon sens sur tous les points, comme j aime. Suis à 100% avec vous. Au regretté Pierre.